A l’ouverture des travaux d’une loge maçonnique, on étend sur le sol, à l’emplacement du pavé mosaïque (dont les pavés alternativement blancs et noirs symbolisent la complémentarité des deux principes cosmiques : positivité et négativité) un tapis rectangulaire, qu’on appelle le Tableau. A la clôture des travaux, on le retire par un rituel symétrique du premier. A l’origine, le Tableau était tracé sur le sol au commencement de chaque tenue, puis effacé à sa clôture. Chacun des grades maçonniques comporte son Tableau particulier. Les trois grades corporatifs sont l’Apprenti, le Compagnon et le Maître. Le Tableau, qui rassemble les symboles particuliers du grade en un diagramme organisé, donne aux Frères un raccourci concret, une vue panoramique de l’ésotérisme maçonnique.
Les symboles fondamentaux qui figurent sur le Tableau, empruntés à l’art de bâtir, servent de support à une réalisation psychique et spirituelle. On peut siter le maillet et le ciseau, outils de l’apprenti qui, grâce à eux, dégrossit la pierre brute ; l’équerre et le compas ; le niveau et la perpendiculaire ; la règle.
Quant à la [b]pierre cubique à pointe[/b], son symbolisme de construction s’applique à l’architecture même de la réalité : c’est le quaternaire (les quatres éléments traditionnels : Air, Eau, Feu, Terre) que surmonte le ternaire divin ; y est présent la figuration de la quintessence, ce cinquième élément des alchimistes, qui fait la synthèse des quatre. D’autres symboles sont l’héritage biblique.
Le [b]Temple[/b] est celui de Salomon.
Les [b]deux colonnes [/b]J *** (Jachin) et B ***(Boaz ou Bohaz), masculin et féminin, sont celles qui se trouvaient à l’entrée du Temple de Salomon. Elle sont figurées, dans chaque Temple maçonnique, à l’Occident ; symbolisation palpable des deux polarités qui sans cesse s’affrontent dans le monde.
Quant à l'[b]Etoile Flamboyante[/b], ou pentagramme, elle a cinq branches ; ce symbole remonte aux Pythagoriciens dont le nombre sacré était cinq. Elle est placée face à l’Occident : symbole de l’Androgyne (pour ceux qui se rappellent encore mes vieilles explications). L’Etoile Flamboyante représente la conjonction parfaite des deux polarités opposées : l’opposition devenue alors fusion, unité. La lettre G a diverses significations : Gnose, Dieu (God), Géométrie, Génération, celle-ci étant devenue possible par la conjonction du positif et du négatif, des Colones J *** et B ***.
Le [b]Soleil et la Lune[/b] rappel cette complémentarité, mais au niveau comsique, des deux principes. La Franc-Maçonnerie est à ranger parmi les initiations polaires masculines, ce qui amène certaines difficultés; diversement tranchée selon les obédiences; de l’admission des femmes aux mystères maçonniques.
L'[b]acacia[/b] est un bois symbolique. L’arche d’alliance en est fait, plaquée d’or. Une branche d’acacia est placée sur le drap du récipiendaire pour rappeler celle qui fut plantée sur la tombe d’Hiram.
Salomon envoya chercher Hiram de Tyr; c’était le fils d’une veuve de la tribu de Nephtali, mais son père était Tyrien, ouvrier en bronze. Il était plein d’habileté, d’adresse et de savoir pour exécuter tout travail de bronze. Il vint auprès du roi Salomon et il exécuta tous ses travaux. (I Rois, 7, 13-14 à partir d’ici n’allez pas chercher dans vos Bibles, vous ne trouverez pas). Les travaux du Temple s’achevaient, mais les compagnons d’Hiram n’avaient pas tous été initiés aux secrets merveilleux du Maître. trois d’entre eux décidèrent de les lui arracher. Postés chacun à une porte différente du Temple, ils sommèrent tour à tour Hiram de leur livrer ses secrets. Le Maître répondit successivement à chacun d’eux, en fuyant d’une porte à l’autre, qu’on obtiendrait pas sa parole par des menaces et qu’il fallait attendre le temps voulu. Alors ils le frappèrent, l’un d’un coup de règle sur la gorge, l’autre d’un coup d’équerre de fer sur le sein gauche, le troisième d’un coup de maillet sur le front qui l’acheva. Puis, ils se demandèrent l’un à l’autre la parole du Maître. Constatant qu’aucun d’eux ne l’avait obtenue, ils furent désespérés de leur crime inutile. Ils cachèrent le corps, l’inhumèrent dans la nuit près d’un bois et plantèrent sur sa tombe une branche d’acacia.
Dans l’application symbolique du récit d’Hiram aux cérémonies maçonnique d’initiation au grade de Maître, le récipiendaire s’identifie à Hiram. Il doit d’abord mourir à lui-même : les trois coups symbolisent la triple mort, physique (gorge), sentimentale (sein gauche) et mentale (front). Mais, cette phase prélude à une renaissance, la renaissance physique, psychique et mentale, en un nouvel Hiram.