Selon les évangiles, Jésus avait quatre frêres et deux soeurs (Marc 3.31, Jean 2.12 et 7.3-10). Selon Matthieu 13.55-57, ses frêres étaient Jacques, Joseph, Simon et Jude. Selon Marc 6.3, ils sont appelés Jacques, Joses, Simon et jude. Certains prétendent que ce n’étaient pas ses frêres mais ses cousins car la langue araméenne ne confond les deux terme. Cependant les Évangiles ont été écrits en grec, langue qui fait bien la distinction entre les deux mots : frère se dit “adelphos” et cousin se dit “anepsios”. Hors c’est toujours le terme adelphos qui est employé.
De plus, le grec utilise deux mots distincts pour désigner le premier fils d’une femme :
-“monogénês” pour préciser que le fils est resté unique,
-“prôtotokon” pour préciser que le fils est le premier-né, c’est-à-dire l’aîné des autres.
Dans l’évangile de Luc c’est le mot prôtotokon (aîné des autres) qui est utilisé, indiquant ainsi sans ambiguïé que Marie eut d’autres enfants que Jésus.
Ces frêres et soeurs provenaient, semble-t-il, d’un précédent mariage de Joseph.
D’aprés l'”Histoire de Joseph le charpentier”, Joseph se serait marié à 40 ans et eut six enfants : Jacques, Juste, Simon, Judas, Lydia et Lysia. Devenu veuf à 89 ans, il aurait recu Marie à 90 ans.
D’aprés le “Protévangile de Jacques”, Les parents de Marie auraient consacré celle-ci à Dieu à l’age de 12 ans à Jérusalem. Son tuteur désigné aurait été Joseph, un veuf. Ce dernier, plus tard alors qu’il revenait d’un voyage, aurait retrouvé Marie enceinte. Elle avait alors 16 ans.
Pour les juifs, Jésus était le fruit de l’union illégitime de sa mère avec un soldat romain du nom de Julius Panthera (“Panthéra” étant un sobriquet signifiant “la panthère”). C’est pourquoi, dans le Talmud, on trouve 20 passages ou il est appelé Yeshu’a ben Panthera (Jésus fils de Panthéra).
Chose incroyable, on a retrouvé à Bingerbrück en Allemagne la tombe d’un soldat romain. Son nom était gravé : c’était Tiberius Julius Abdes Panthera, archer originaire le Sidon en Phénicie, qui fut muté en Rhénanie en l’an 9 ap.Jc !
Origène (185-254), dans le “Contra Celsum” est le premier à le mentionner : “La mère de Jésus a été chassée par le charpentier qui l’avait demandée en mariage, pour avoir été convaincue d’adultère et être devenue enceinte des œuvres d’un soldat romain nommé “Panthèra”. Séparée de son époux, elle donna naissance à Jésus, un batard. La famille étant pauvre, Jésus fut envoyé chercher du travail en Égypte ; et lorsqu’il y fut, il y acquis certains pouvoirs magiques que les égyptiens se vantaient de posséder” (C.C. I, 32 5. Cf. I, 28 10, 33 19 et 69 20. Cf. R.C. p. 355).
Plus tard, Épiphane (315-403) le répète : “Jésus était le fils d’un certain Julius, dont les surnom était Panthéra”.
Il y a aussi des passages du Talmud touchant Jésus et supprimés par la censure ecclésiastique du Moyen Age ; ils ont été plus ou moins bien conservés dans quelques rares manuscrits (codices de Munich, de Strasbourg, de Vienne) et forment ce qu’on appelle les Hesronoth Hashass (Klausner, Osier) ; ainsi selon la tradition talmudique :
– dans le traité Sanhédrin 43 a : “On pendit Jésus ben Stada sur un pieux la veille de Pâque”, et en 67 a “… et ils le pendirent la veille de Pâque. Jésus ben Stada était le fils de Pandéra… L’amant, c’était Pandéra. Le mari c’était Paphos ben Yehudah. Mais sa mère c’était Miriam (Marie), surnommée Stada…” (Osier, p. 136).
– dans Guittin 90a : Miriam était mariée à Papos ben Yehouda. Celui-ci l’empêchait de sortir, et elle a fini, de ce fait, par être infidèle à son mari.
– dans le traité Schabbath 104 B : “Le fils de Stada était le fils de Pandéra”.
– Dans le Talmud de Jérusalem, on lit que “Rabbi Eliezer ben Damah ayant été mordu par un serpent, Jacob, habitant du village de Siméi, se proposa pour le guérir au nom de Jésus Pandéra” (Traité Schabbath, ch. XIV, p. 156 de l’édition Schwab).
– Dans une leçon retranchée du Talmud de Jérusalem, nous lisons : “Son petit-fils avait avalé quelque chose. Un homme vint et se mit à murmurer au nom de Jésus ben Pandéra et il guérit “ (Traité Abodah Zarah 40 d, Osier, p. 150).
Dans un manuscrit du Josippon (recueil d’écrits en langue hébraïque ayant utilisé entre autres sources les ouvrages de Flavius Josèphe), nous lisons (+ cahier C.E.R. n° 180, p. 15) : “En ces jours-là, il y eut de nombreux combats et de grandes dissensions en Judée entre les Pharisiens et les “brigands” en Israël qui suivirent Jeshu’ah ben Pandera le Nasoréen qui fit de grands miracles en Israël jusqu’à ce que les Pharisiens l’aient vaincu et le pendirent sur un poteau” (manuscrit Hébr. 1280, fol. 123 v° de la B.N.F.).
– Plus tard, dans le Toledoth “Livre de l’histoire de Jésus”, publié en 1681 par Wagenseil dans ses “Tela ignea Satanæ” (tome II, p. 3, 4, 5), Pandéra n’est plus le surnom d’un soldat romain mais est devenu celui de Joseph !
– Plus tard encore, dans le Toledoth “Histoire de Yeshuh de Nazareth” publié par Huldreich en 1705, Joseph Pandéra de Nazareth est un juif qui se retire avec Marie sa complice et son enfant en Egypte. Avec Joseph Pandéra, d’ailleurs, “elle conçut encore et enfanta des fils et des filles”, allusion sans doute aux frères et sœurs de Jésus évoqués dans les Evangiles (Osier, p. 105, 106).
Les auteurs chrétiens se souviennent de Panthera, mais ignorent la légende qui s’attache à ce nom : Epiphane le Scolastique, moine à Constantinople (De vita B. virgini., P.G. 120, 190 A-B) croyait que Jacob Panthera était le père de Joseph.
On remarquera que, dans la tradition talmudique, Jésus est Ben Pandera (fils de Panthera) par son père, Ben Sotada (fils de Stada) par sa mère. Le Talmud de Babylone désigne le crucifié de Ponce Pilate sous le nom de Fils de la Sotada, le fils de S’tath da, c’est-à-dire de “celle qui a quitté la bonne voie, qui a été infidèle”.
Dans le “Rouleau de Safed”, Une fille de 15 ans du nom de Stadea aurait eu deux enfants illégitimes : Judas et Yeshai (Jésus). Par la suite, elle épousera Halachmee (ou Paphos ben Yehudah).Ces deux enfants furent accueillis et éduqués par des moines esséniens. Juda devint ensuite l’élève du grand rabbin Hillel et Yeshai rencontra le grand rabbi Josué ben Parakhai (ce qui est impossible car ce dernier vivait un siècle plus tôt). Devenu le chef d’un groupe d’esséniens, Yeshai fut condamné à mort pour incitation à la rébellion contre l’empire; mais parvint à s’enfuir et voyagea jusqu’en Inde..
En ce qui concerne les frêres de Jésus, il y a quelques textes parlant de Jude et Jacques.
Eusèbe de Césarée écrivait : “De la famille du Seigneur restaient encore les petits-enfants de Judas (Jude), dit son frère selon la chair, qui furent dénoncés car appartenant à la lignée de David” (Eus.de Cés. III, 20, 1).
Hégésippe, vers 180 ap Jc, employait également l’expression de “Jude, frère du Sauveur selon la chair».
Hégésippe a écrit aussi : «Le frère du Seigneur, Jacques, reçut l’Eglise avec les apôtres. Depuis les temps du Seigneur jusqu’à nous, tous l’appellent le Juste, puisque beaucoup portaient le nom de Jacques. Cet homme fut sanctifié dès le sein de sa mère.»
Hégésippe précisait cependant que Jacques ne prenait pas de bain, et ainsi qu’il n’était pas baptiste.
Le texte des “Actes des Apôtres”, confirme que c’était Jacques, dit le frère du Seigneur, qui exercait l’autorité suprême sur la communauté des apôtres dans les années 40 et 50 (et non pas Pierre). Il était l’auteur de l'”Épitre de Jacques” inséré dans la Bible, et il s’opposait trés souvent aux idées de Paul.
Selon l’évangile apocryphe de Thomas, Jésus aurait d’ailleurs dit à ses apôtres : «Où que vous soyez allés, vous irez vers Jacques le Juste, pour qui ont été faits le ciel et la terre.».
L’historien Flavius Josèphe a décrit (vers 90 ap.Jc) la mort de Jacques le juste dans son livre “Les Antiquités juives” XX 197-203) :
«Comme Anân était tel, il pensa avoir une occasion favorable parce que Festus était mort et Albinus encore en route, il convoqua un sanhédrin de juges et fit comparaître le frère de Jésus appelé Christos, qui avait pour nom Jacques, ainsi que quelques autres. Il les accusait d’avoir transgressé les lois, et les livra pour être lapidés.».
Cela se passait en 62 ap Jc.
Une tradition postérieure affirme que Jacques a été précipité du haut du mur du Temple et achevé à coups de pierres.
Une anecdote pour terminer :
Le paléographe français André Lemaire aurait retrouvé à Jérusalem un coffre en calcaire (un ancien ossuaire vide, daté de 63 ap Jc selon le carbone14) ayant servi à recevoir le corps de Jacques, le frère de Jésus. On peut y lire une courte inscription en araméen : “Jacob fils de Joseph, frère de Jésus” (notons que Jacob est l’équivalent araméen pour le grec Jacques). Lemaire et le Dr. Joseph Fitzmyer (un spécialiste américain de l’araméen hautement respecté) ont évalué l’inscription et découvert que son style correspond à celui de la Jérusalem du premier siècle. Selon lui, si les prénoms juifs Jacques (ou Jacob), Joseph et Jésus étaient très courants à Jérusalem, en revanche la juxtaposition de trois noms sur un ossuaire est rare. Elle tend à prouver qu’il s’agissait de personnages connus :
Jacques et Jésus de Nazareth.
Et pourtant, en y songeant bien…
savoir tout ceci est-il d’une quelconque importance pour juger les paroles de Jésus ?
On juge un homme à ses actes et non pas à sa famille.